bulletin de la Société Jules Verne


190 décembre 2015

[ TABLE DES MATIÈRES

Page 1 LA RÉDACTION :
Éditorial
Page 2 LA RÉDACTION :
Actualité et Errata
Page 4 V. DEHS :
Mise au point du Docteur Ox
Page 7 I. ZANOT :
De l’Europe du Nord au centre du monde : Le Carnet du voyage en Scandinavie de Jules Verne
Page 22 X. NOËL :
Le Manuscrit de L’Étoile du Sud par Philippe Daryl (Paschal Grousset )
Page 37 B. MADER :
L’Étranger du quai des Esclavons. À propos de la première rencontre entre Jules Verne et Louis Salvator et la question: Qui était le comte Sandorf ?
Page 54 Ph. SCHEINHARDT :
William Bucher. Jules Verne: Les manuscrits déchiffrés
Page 62 M. IHISBASHI :
William Bucher. Jules Verne: Les manuscrits déchiffrés
Page 66 V. DEHS :
Les papiers de Jules Verne
Page 86
Tables des illustrations
Page 87
Table de matière des textes parus du n° 188 au n° 190.

[ Éditorial

La Société Jules Verne commémore cette année son cinquantenaire (même son 80e anniversaire si l’on prend en compte la date de sa première fondation, le 31 juillet 1935) ; notre Bulletin fêtera le sien en 2016. Comment mieux célébrer ce double événement que par un retour aux sources ? D’abord en fêtant l’assemblée générale de notre association en mai 2015 à Nantes (nous y reviendrons dans notre prochain numéro), mais aussi sur le plan éditorial, en consacrant trois numéros consécutifs aux manuscrits et autographes de Jules Verne.

Notre revue, grâce aux initiatives de notre ancien président Olivier Dumas, a toujours tenu à attribuer une place spéciale à l’étude des manuscrits de Jules Verne, même avant que les recherches génétiques soient officiellement entrées dans l’aire universitaire. Le domaine est toutefois plus épineux, plus passionnant aussi, qu’il n’y paraît. En témoigne une récente publication de William Butcher, qui fera l’objet de deux présentations distinctes de la part de Philippe Scheinhardt et Masataka Ishibashi qui ont consacré leur thèse à la double question desmanuscrits et du rôle d’Hetzel dans la création vernienne 1 et que l’on peut considérer comme les meilleurs spécialistes dans ce domaine. René Escaich, auteur d’une importante monographie 2, a cru dans les années 1950 que tout était dit au sujet de Jules Verne et de son œuvre. Force est de constater qu’il n’en est rien comme le prouvent les papiers de Jules Verne, ici répertoriés, dont l’exploitation commence à peine et qui ouvriront aux chercheurs des horizons insoupçonnés.

Irene Zanot, Brigitte Mader et Xavier Noël présentent des documents inconnus ou ignorés qui apportent à leur tour du nouveau aussi bien du point de vue biographique que du point de vue bibliographique. Nous poursuivrons cette thématique dans les deux numéros suivants en mettant l’accent tour à tour sur les époques nantaise et amiénoise de la vie de Jules Verne.
La rédaction.

[ L’Étranger du quai des Esclavons


Par Brigitta Mader
À propos de la première rencontre entre Jules Verne et Louis Salvator et la question : qui était le comte Sandorf ?

C'est en été 1884 que Jules Verne arriva à Venise. Lors de sa dernière croisière en Méditerranée à bord du Saint-Michel, les honneurs et réceptions ne lui furent point épargnés de sorte que le vacarme autour de sa personne finît par l’ennuyer. Aussi, pour y échapper, Verne adopta le nom de son grand-oncle Prudent Allotte – pseudonyme qui fut toutefois rapidement démasqué. Venise accueillit Verne avec un feu d’artifices, le fêta avec des banderoles, illumina la façade de son hôtel et dessina son nom au-dessus de la terrasse avec des lampions. La ville entière était littéralement à ses pieds.

Les admirateurs ne cessaient de l’approcher et il n’est donc point étonnant qu’un matin, « un étranger » se présentât à l’hôtel où Jules Verne était descendu et demandât à lui parler : « Je descendis et me trouvai, dans le hall du rez-de-chaussée, en présence d’un voyageur qui, m’interrogeant avec un vif intérêt sur mes œuvres, me demanda la permission de m’envoyer les siennes qui avaient trait, elles aussi, me disait-il, à des récits d’exploration. On lia connaissance et on causa. » Le personnage semblait sortir du cadre des visiteurs habituels et Jules Verne se rappela qu’il en était tellement impressionné que « par une inconcevable distraction, je le laissai partir sans lui demander son nom. » 1

L’incertitude de Verne à cet égard ne fut toutefois pas de longue durée, car « de retour en France, je reçus un envoi d’ouvrages d’un luxe inouï, ornés de planches en couleur de toute beauté, sur les îles Baléares. L’envoi était accompagné d’une lettre. Je l’ouvris. Mon étranger du quai des Esclavons était l’archiduc Louis-Salvator d’Autriche. »2

On sait que des rapports amicaux s’établirent par la suite entre Verne et l’archiduc autrichien Louis Salvator (1847-1915, illus. 8) qui était aussi un savant et un explorateur, rapports qui ne prirent fin qu’à la mort du romancier et ont trouvé un écho régulier dans les biographies des deux hommes.

Il y a néanmoins un désaccord sur la question du lieu de cette première rencontre. Honorine Verne, selon les dires d’Edmondo de Amicis (1846-1908)3, place la rencontre à Naples4, mais même pour Venise, lieu bien plus vraisemblable, on a proposé les noms de deux hôtels différents. Bien que la plupart des biographes indiquent l’Hotel Oriental (Albergo Orientale) de la Piazza San Marco5, Jules Verne lui-même prétend, d’après Galdemar, avoir rencontré Louis Salvator à l’Hotel Victoria « sur le quai des Esclavons »6. Ces contradictions étonnent du fait de la célébrité des deux personnages, mais s’expliquent par le nombre limité des documents disponibles. Faute de témoignages personnels7, il faut donc recourir à la correspondance pour reconstruire le début et l’évolution des relations entre Verne et Louis Salvator. Malheureusement, Jules Verne semble avoir brûlé sa correspondance, de sorte que les lettres que lui avait adressées l’archiduc ont disparu – exception faite d’une photographie prise vraisemblablement en Dalmatie du second yacht de l’archiduc, Nixe8.

Ont survécu par contre une trentaine de lettres écrites par Jules et Michel Verne qui proviennent de la succession de Louis Salvator conservée aux deux domiciles de celui-ci, à Majorque et à Zindis (San Rocco, aux environs de Muggia, près de Trieste), et qui se trouvent actuellement dans les archives de Palma et de Vienne.Alors que deux des lettres majorquines écrites entre les années 1894 et 1904 ont été publiées en 1982 par Hans-Dieter Henrich9, celles des archives viennoises restaient largement inconnues10 et furent même ignorées par les biographies modernes de Louis Salvator11. Ce sont les lettres provenant de la succession de Zindis12, écrites en 1884, qui constituent le chaînon manquant dans les rapports entre Verne et Louis Salvator et font ici pour la première fois l’objet d’une publication.

Pour poursuivre la lecture, commander

Jean Orth (archiduc Jean Salvator).
Gravure sur bois non signée, parue dans Le Monde illustré du 22 novembre 1890, p. 440. Coll. Dehs 


bulletin de la société jules verne

189 Août 2015

[ Une fantaisie du docteur Ox

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bulletin de la société jules verne

191 Août 2016

[ Voyage à bord du Saint-Michel (1884)

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Page 4 V. DEHS :
Mise au point du Docteur Ox
Page 7 I. ZANOT :
De l’Europe du Nord au centre du monde : Le Carnet du voyage en Scandinavie de Jules Verne
Page 22 X. NOËL :
Le Manuscrit de L’Étoile du Sud par Philippe Daryl (Paschal Grousset )
Page 37 B. MADER :
L’Étranger du quai des Esclavons. À propos de la première rencontre entre Jules Verne et Louis Salvator et la question: Qui était le comte Sandorf ?
Page 54 Ph. SCHEINHARDT :
William Bucher. Jules Verne: Les manuscrits déchiffrés
Page 62 M. IHISBASHI :
William Bucher. Jules Verne: Les manuscrits déchiffrés
Page 66 V. DEHS :
Les papiers de Jules Verne
Page 86
Tables des illustrations
Page 87
Table de matière des textes parus du n° 188 au n° 190.

[ Éditorial

La Société Jules Verne commémore cette année son cinquantenaire (même son 80e anniversaire si l’on prend en compte la date de sa première fondation, le 31 juillet 1935) ; notre Bulletin fêtera le sien en 2016. Comment mieux célébrer ce double événement que par un retour aux sources ? D’abord en fêtant l’assemblée générale de notre association en mai 2015 à Nantes (nous y reviendrons dans notre prochain numéro), mais aussi sur le plan éditorial, en consacrant trois numéros consécutifs aux manuscrits…

et autographes de Jules Verne. Notre revue, grâce aux initiatives de notre ancien président Olivier Dumas, a toujours tenu à attribuer une place spéciale à l’étude des manuscrits de Jules Verne, même avant que les recherches génétiques soient officiellement entrées dans l’aire universitaire. Le domaine est toutefois plus épineux, plus passionnant aussi, qu’il n’y paraît. En témoigne une récente publication de William Butcher, qui fera l’objet de deux présentations distinctes de la part de Philippe Scheinhardt et Masataka Ishibashi qui ont consacré leur thèse à la double question desmanuscrits et du rôle d’Hetzel dans la création vernienne 1 et que l’on peut considérer comme les meilleurs spécialistes dans ce domaine. René Escaich, auteur d’une importante monographie 2, a cru dans les années 1950 que tout était dit au sujet de Jules Verne et de son œuvre. Force est de constater qu’il n’en est rien comme le prouvent les papiers de Jules Verne, ici répertoriés, dont l’exploitation commence à peine et qui ouvriront aux chercheurs des horizons insoupçonnés.

Irene Zanot, Brigitte Mader et Xavier Noël présentent des documents inconnus ou ignorés qui apportent à leur tour du nouveau aussi bien du point de vue biographique que du point de vue bibliographique. Nous poursuivrons cette thématique dans les deux numéros suivants en mettant l’accent tour à tour sur les époques nantaise et amiénoise de la vie de Jules Verne.

La rédaction.

[ L’Étranger du quai des Esclavons


Par Brigitta Mader
À propos de la première rencontre entre Jules Verne et Louis Salvator et la question : qui était le comte Sandorf ?

C'est en été 1884 que Jules Verne arriva à Venise. Lors de sa dernière croisière en Méditerranée à bord du Saint-Michel, les honneurs et réceptions ne lui furent point épargnés de sorte que le vacarme autour de sa personne finît par l’ennuyer. Aussi, pour y échapper, Verne adopta le nom de son grand-oncle Prudent Allotte – pseudonyme qui fut toutefois rapidement démasqué. Venise accueillit Verne avec un feu d’artifices, le fêta avec des banderoles, illumina la façade de son hôtel et dessina son nom au-dessus de la terrasse avec des lampions. La ville entière était littéralement à ses pieds.

Les admirateurs ne cessaient de l’approcher et il n’est donc point étonnant qu’un matin, « un étranger » se présentât à l’hôtel où Jules Verne était descendu et demandât à lui parler : « Je descendis et me trouvai, dans le hall du rez-de-chaussée, en présence d’un voyageur qui, m’interrogeant avec un vif intérêt sur mes œuvres, me demanda la permission de m’envoyer les siennes qui avaient trait, elles aussi, me disait-il, à des récits d’exploration. On lia connaissance et on causa. » Le personnage semblait sortir du cadre des visiteurs habituels et Jules Verne se rappela qu’il en était tellement impressionné que « par une inconcevable distraction, je le laissai partir sans lui demander son nom. » 1
L’incertitude de Verne à cet égard ne fut toutefois pas de longue durée, car « de retour en France, je reçus un envoi d’ouvrages d’un luxe inouï, ornés de planches en couleur de toute beauté, sur les îles Baléares. L’envoi était accompagné d’une lettre. Je l’ouvris. Mon étranger du quai des Esclavons était l’archiduc Louis-Salvator d’Autriche. »2

Pour poursuivre la lecture, commander

Jean Orth (archiduc Jean Salvator).
Gravure sur bois non signée, parue dans Le Monde illustré du 22 novembre 1890, p. 440. Coll. Dehs 


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